Bienvenue ä Zürich, la ville réputée pour sa qulité de vie

Bienvenue à Zurich, la ville réputée pour sa qualité de vie : bonne navigation sur le lac et sur le blog Züri <> Paris !

Début mai 2012 : les meilleures choses ont une fin et le séjour zurichois est arrivé à son terme au bout d'une période de presque 3 mois sur place.
C'est donc la fin de la mission au sein de la capitale économique de la Suisse pour le compte de la Ville de Paris, et rendue possible grâce au programme européen Leonardo. Il est l'heure, selon une ponctualité toute helvétique, de clore ce blog qui m'a permis de vous livrer mes impressions et vous faire partager mes découvertes.

Mais il est encore temps pour vous si vous ne l'avez pas encore parcouru de prendre connaissance des étonnements qu'un tel pays peut occasionner. L'idée était de poster des cartes postales au ton plus léger qu'un rapport de mission formel et qui se jouent des clichés habituellement associés à la Suisse. La tenue de ce blog a constitué un intéressant exercice sur le plan pratique, pour venir à bout des aléas techniques et tenir un rythme régulier afin de répondre à l'attente des internautes !

Merci encore une dernière fois à toutes les personnes qui l'ont consulté et m'ont témoigné de leur intérêt par leurs différents commentaires.

Didier Couval, Ville de Paris

Revenu d'une mission très spéciale à la Ville de Zurich


lundi 23 avril 2012

XVII Si on faisait un tour de roues à Wintherthur, la ville qui mérite le détour à vélo ?

Pour les personnes qui adorent le vélo, la Suisse est une terre de contrastes où l’on découvre de belles initiatives, avec son réseau national cyclotouristique ou des aménagements souvent simples mais pragmatiques, mais où la proportion de cyclistes dans le trafic reste très variable selon les localités et les quartiers, Zurich n’échappant pas à la règle avec une politique vélo intensive mais qui peine à porter ses fruits, un nouveau « plan vélo ».étant en cours de lancement pour convaincre les usagers potentiels au-delà du cercle des adeptes convaincus.
Le cycliste urbain comme les amateurs de randonnées trouvera son bonheur en visitant ä environ 25 km au nord la ville satellite de Winterthur, connu pour sa compagnie d’assurance du même nom passée sous la coupe de notre champion hexagonal Axa. Bien sûr, la ville a la bonne idée d’être plate, ce qui n’est jamais gagné dans ce pays alpin, mais une combinaison de facteurs étonnante a généré un phénomène local qu’on ne retrouve pas pour autant dans d’autres villes du pays de la même importance. Imaginez un site qui regroupe d’anciennes zones industrielles reconverties en ateliers branchés, un centre historique totalement piétonnier directement raccordé à une gare active et des espaces boisés qui servent d’écrins à un bel ensemble de musées dont celui de la photo qui accueille actuellement après Paris les magnifiques prises de vue de Diane Arbus. En résumé, un mélange urbain étonnant à la croisée des entrepots de Mulhouse et des parcs de Baden-Baden. Voici pour l’ambiance,
Mais revenons au départ de notre ballade vélocipédique, précisément au point d’entrée central qu’est la gare dont le parvis réaménagé est entièrement dédié ä la seule circulation des bus (pas de tramways dans cette petite ville contrairement à sa voisine zurichoise), taxis et autres cyclistes, tellement nombreux à combiner train et vélo qu’un principe de stationnement ä durée limitée à 48 heures a été instauré aux abords de ce pôle urbain. Mais ils ont droit également à un magnifique garage souterrain de plusieurs centaines de places bien au chaud toutes prises d’assaut ! Plus révélateur encore, le multiplexe est situé aux abords de la gare au sein de l’ancienne zone d’ateliers reconvertis en pôle commercial où certaines enseignes présentes aussi en France seraient implantées dans des hangards sur d’ex-terres agricoles. J’allais oublier le principal : ce complexe cinématographique dispose de son propre local à vélos gratuit pour accueillir les spectateurs à bicyclette. Un détail qui n’en est pas un.

XVI J’ai passé mon permis de trier ! Des efforts, mais peut mieux faire.

Alors qu’en France on débat de la question de l’accès des jeunes au permis de conduire automobile, la Suisse pendant ce temps développe son réseau national de stations d’auro-partage au pied des stations de RER . cherchez l’erreur !
Si le chemin de la mobilité durable est bien enclanché dans ce pays bien que le poids des habitudes autoöobiles reste bien ancré ceci dit, on s’attend aussi à trouver en Suise un excellente organisation en matière de recyclage des déchets. De ce côté-là aussi, le pays se targue d’être en pointe comme pour la récupération des bouteilles en plastique PET dont le taux de recyclage atteint le record européen de 80 % !
Mais le mieux est souvent l’ennemi du bien… Dans ce domaine aussi, on se sent étrqnger en mal d’intégration en face des différentes consignes de tri en fonction des produits et matières qui composent nos ordures ménagères ! L’ ensemble des multiples procédures en vigueur à Zurich a nécessité de rédiger un « Entsorgungskompass », terme qui peut se traduire par « boussole de collecte des ordures », un nom bien révélateur de la complexité d’un dispositif de purs ingénieurs plus versés dans la performance technique que la pédagogie et la communication auprès du public ! Dans ce document de …50 pages A4 (pratique à conserver dans sa cuisine), on dispose d’un véritable manuel pour savoir tout, tout sur le tri.. Assurément instructif mais pas réellement accessible aux nouveaux résidents : ma bonne volonté a été vite mise à l’épreuve avec le casse-tête au quotidien de savoir quoi, comment et où trier…
Pour certains emballages ou matériaux, l’exercice est relativement facile avec un peu d’observation : dans le cas du métal et du verre, tout va bien car difficile de rater dans chaque quartier la huitaine de containers où l’on peut dèposer du lundi au samedi (le dimanche, la tranquillité des riverains est préservée) ses pots et bouteilles en verre selon leur couleur (trois variantes) ou ses boites de conserves ou de boissons, en distinguant l’alu des autres métaux. Etape suivante à la sortie des supermarchés avec le container à PET aui n’est pas à confondre avec celui des bouteilles de lait en plyéthylène… J’avoue ne pas avoir fait la différence au début, sachant qu’en outre les emballages plastiques ne vont pas au même endroit, ce serait trop simple d’avoir un seul bac jaune comme chez nous !
La où ça se corse, c’est étonnament pour le papier et les cartonnettes, qui sont plutôt bien récoltées en France . une seule tournée pour les cartons par mois, et bien ficelés s’il vous plait car simplement déposés le jour J sur le trottoir, passe encore. Mais pour les papiers journaux, à ne pas mélanger avec les emballages alimentaires en carton, deux tournées par mois seulement et toujours en beau tas ficelé comme un rôti chez le boucher. Pas question d’être en vacances ce jour- là au risque de prévoir un local spécial archives dans votre appartement pour stocker vos vieux magazines.
Mais j’ai carrément craqué à la lecture du manuel de survie en découvrant que les fameuses briques en carton d’origine nordique, qui se targuent d’être à la pointe de la protection de l’environnement, ne sont surtout pas ä trier comme papiers comme je l’avais compris sur les dessins de nos bacs en France. Bref, j’attends avec inquiétude les résultats de l’examen mais je ne suis pas sûr d’avoir réussi toutes les étapes. Epreuves serait d’ailleurs le mot le plus approprié.

lundi 16 avril 2012

XV Sechseläuten, la grande fête du printemps zurichois qui tarde à arriver !


Nous sommes le troisième lundi d'avril et c'est un jour particulier à Zurich qui vient célébrer l'arrivée (ou plutôt l'attente comme cette année!) du printemps. La fête doit son nom en allemand quelque peu imprononçable au fait que depuis le 14e siècle, une cloche du Grossmünster annonçait pendant le semestre d'été la fin de la journée de travail à six (= sechs) heures. La première sonnerie (= Laut) de cette cloche donnait lieu à une petite fête printanière devenue une véritable coutume locale qui a débuté ce dimanche par un cortège d'enfants qui paradent en ville en costumes fantaisistes ou historiques. Le Böögg, un bonhomme de neige en ouate, fait partie du cortège et rappelle l'événement le plus spectaculaire du lendemain, un lundi où les employés du centre-ville ont congé, à défaut d'avoir deux semaines de vacances supplémentaires, option refusée lors d'une votation de ce mois de mars 2012 en Suisse !

Ce lundi après-midi, c'était au tour des centaines de membres des vingt-cinq corporations masculines de défiler en costumes d'époque, plus ou moins crédibles, certains accoutrements faisant penser à un épisode du Prisonnier... Bonjour chez vous ! Le centre historique se parcourait en musique, à travers une ville pavoisée de toutes parts, plus qu'un 14 Juillet en France ! Précision d'importance quant à la parité malmenée : depuis l'année 2000, les femmes de la «Gesellschaft zu Fraumünster» organisent leur propre parade « off » qui précède le cortège des hommes. Les corporations étaient jusqu'à la fin du 18e siècle des associations d'artisans actives au sein du gouvernement de la ville. Depuis, elles n'exercent plus que des fonctions sociales, et parmi elles, la préservation de la coutume du Sechseläuten.

En toute logique, sous le coup de six heures du soir, une marée humaine a déferlé comme chaque année sur la place du même nom, près de Bellevue au bord du lac, pour le clou de la manifestation : pour cette édition 2012, le lieu est en fait un peu perturbé par la construction d'un garage souterrain dont les travaux ne sont pas totalement finis tandis que la météo peu clémente laissait craindre un mauvais présage ! Sur cette place, le personnage du Böögg, bourré d'explosifs et symbole de l'hiver que l'on veut chasser, a été comme chaque année brûlé. Au son de la marche des chasseurs du Sechseläuten, des groupes de cavaliers de plusieurs corporations ont galopé en cercle autour du Böögg jusqu'à ce qu'il rende l'âme dans un grand fracas.

Ce qui devait arriver arriva : une grande explosion a conclu au bout d'un bon moment l'embrasement du personnage. Difficile à dire si le succès populaire de la fête est signe également d'un printemps véloce !

Pour retrouver les photos officielle de cette édition 2012, consultez les pages du site www.sechselaeuten.ch

XIV 1 million d'Helvètes apprécient leur train-train quotidien !

Le chiffre vient de tomber et la compagnie ferroviaire suisse s'est empressée de communiquer sur le succès de fréquentation de son réseau mais également sur le degré de satisfaction des voyageurs.
Dans un pays qui compte près de 8 millions d'habitants, la proportion de ceux qui empruntent chaque jour les transports collectifs est impressionnante puisque les Suisses sont les champions du monde en la matière. A noter que ce million de voyageurs ne concerne que les trajets des navetteurs ou des visiteurs à moyenne ou longue distance : ils n'englobent pas les usagers des réseaux de transport urbain de chaque ville et réduisent d'autant le trafic motorisé sur les routes et autoroutes de la confédération pourtant intensément fréquentées.

A celles et ceux qui connaissent en France les déboires des réseaux de train ou de RER franciliens ou la faiblesse de la desserte des zones péri-urbaines ou des petites agglomérations, la Suisse fait figure de paradis en terme de qualité de service, de maillage et d'offre : des trains cadencés et fréquents (chaque ligne verrait passer chaque jour 170 trains !), des réseaux de RER pas encore saturés et qui font l'objet de grands travaux réguliers pour les optimiser, des gares au milieu des villes et non pas en plein champ qui assurent un rôle de pôle urbain et permettent des correspondances entre tous les réseaux et modes de transport,...
Un vrai modèle en la matière, probablement plus impressionnant encore que celui des Pays-Bas où le vélo est plus utilisé que bus et tramway, ou encore celui du Japon où l'urbanisation est plus concentrée. Difficile dans cette chronique de résumer les raisons d'un succès qui combine raisons historiques et géographiques, choix politiques et politiques de transport et d'urbanisme... Certes, cette politique a un coût pour la collectivité, mais qui réduit d'autant le développement d'infrastructures routières et leurs nuisances associées, comme pour les usagers-contribuables qui optent massivement ceci dit pour des abonnements qui permettent ensuite de circuler à demi-tarif sur l'ensemble du réseau. Voici un bel exemple de mobilité durable et un véritable sujet de thèse en France où on est encore à débattre de la question du permis de conduire automobile ou des taxes pétrolières.
Nous sommes arrivés à destination de cette chronique : les voyageurs quotidiens, ceux que l'on nomme les pendulaires, sont invités à descendre et apprécient à juste titre la réputation de fiabilité et de ponctualité des trains suisses, avec des taux de performance horaire qui font rêver ! Pas étonnant que l'horloge officielle des gares soit elle même devenue un must en la matière : la montre au design épuré de la marque Mondaine constitue un symbole suisse plus tendance que les sempiternelles cloches de vaches laitières.
Pour les experts en mobilité, rendez-vous sur le site officiel des chemins de fer suisses : www.cff.ch Les amateurs mondains se rendront sur le site des montres www.mondaine.com

XIII Une pierre d'émeraude dans un écrin de verdure

La réputation de Zurich ne se cantonne pas à ses sites naturels. Parmi les lieux d'intérêt de la ville, il faut aussi citer ses lieux culturels. Trois musées méritent la visite : la Kunsthaus est un riche musée qui couvre des périodes artistiques du 15e à aujourd'hui et dont une extension est envisagée pour faire face à l'afflux des visiteurs de ses grandes expositions temporaires ; le Musée national suisse, implanté dans un bâtiment étonnant aux allures de château fantastique au pied de la gare principale, renferme un présentation extraordinaire sur l'histoire culturelle et ethnographique de la confédération. Mais un coup de coeur peut être attribué au musée Rietberg, un ensemble de villas situées au sein d'un grand parc et qui abritent une remarquable collection d'arts extra-européens des quatre continents. Ou comment faire un tour du monde en deux heures à la rencontre des cultures des peuples dans un musée qui n'a certes pas la taille de celui du Quai Branly à Paris mais qui évite l'écueil de la surenchère et du gigantisme par une sélection rigoureuse !
Outre le contenu, le contenant mérite la visite, avec son extension contemporaine qui a su répondre à l'incontournable question du mariage entre moderne et ancien. Afin d'améliorer les conditions d'accueil du public et étendre les surfaces d'exposition, une solution originale a été trouvée en 2007, lors de la création d'un nouveau bâtiment des architectes Adolf Krischanitz et Alfred Grazioli. Leur projet, retenu lors d'un concours, reprend un peu l'astuce de celle déployée au Grand Louvre par l'architecte Pei avec la fameuse pyramide : plutôt que d'accoler une greffe difficile à accorder à l'architecte néo-italienne du pavillon principal, la villa Wesendonck, une boite de verre sérigraphiée sert de pavillon d'accueil du public et donne accès à de nouveaux espaces souterrains qui rejoignent les pièces de la villa d'origine. L'effet de ce cube vitré, orné de formes géométriques en verre sablé, est spectaculaire : des jeux d'ombres et de lumières se reflètent dans des tonalités vertes de pierre précieuse et se fondent également avec une autre intervention graphique, celle de l'artiste suisse Helmut Federle a réalisé un mur en béton orné de feuilles d'or au fond du pavillon.
On passe ensuite aux espaces souterrains par un escalier aux cloisons ajourées qui tamisent l'éclairage et assurent une transition entre lumière naturelle et éclairage artificiel des salles en sous-sol qui abritent une sélection réduite mais exceptionnelle d'oeuvres d'Asie et d'Afrique noire. Avant de remonter dans la villa dédiée à celles des Amériques et de l'Océanie, les conservateurs nous invitent également à découvrir les réserves du musée, impeccablement préservées de la poussière dans des vitrines.
Pour une visite virtuelle, consultez le site www.rietberg.ch

XII Freitag, le casual-ware made in Zürich.

Berlin, New-York, Tokyo,… 
On les voit portés à l'épaule de tous les cyclistes urbains des métropoles du monde entier qui se transforment le temps de leur (trans)port quotidien en véritables coursiers à vélo ! Les sacs Freitag, autrement dit vendredi en allemand, font partie de la panoplie de tout travailleur cool (quoique accro au boulot) de la nouvelle économie. De ceux qui ont adopté le casual wear toute la semaine et transportent dans ces besaces étanches leurs savoirs sous forme de la dernière tablette numérique raccordée. Encore mieux pour ces amateurs de notes pads à écran tactile, il y a désormais toute une panoplie d'étuis pour glisser ces ardoises magiques ! 
L'entreprise fait la fierté de la ville, voire du pays, puisqu'une imitation était apparue à l'initiative de la société de grande distribution, la Migros, sous le nom de ...Donnerstag, joli clin d'oeil qui signifie « jeudi » en allemand ! La tentative n'a pas réussi et la marque mythique a même les honneurs en ce printemps 2012 des galeries d'expositions du musée zurichois du design, le Gestaltung Museum.   
Le matériau de base tire son originalité de la récupération des bâches étanches des camions qui retrouvent une seconde vie avec à la clé des jeux graphiques insolites et particulièrement toniques : la découpe aléatoire de ces matériaux génère des produits à la fois tip-top comme on dit ici, et écologiquement corrects puisqu'à base de composants recyclés à l'aspect si vintage. On aime ou on aime pas cet effet déjà sali car la toile a déjà mené sa vie au milieu des oxydes de carbone ! Outre les bâches des camions, d'autres éléments de ces sacs robustes sont en effet issus de la récupération de ceintures de sécurité ou d'air-bags de voitures… Sans oublier de vieilles chambres à air de vélos : la fermeture du sac est bien bouclée !
Fierté de la société, la firme est une des dernières entreprises de fabrication au sein d'un quartier de la ville, Oerlikon, ancienne zone de production industrielle désormais tournée vers les services financiers et les métiers de la communication qui lui fournissent ses meilleurs clients. Evidemment, la qualité de la production suisse a un coût et il faut dépenser entre 200 et 300 francs suisses pour décrocher un des derniers modèles en vente sur le site en ligne de la société dont l'adresse est http://www.freitag.ch/
Pas moyen non plus d'espérer trouver une fin de série : le magasin phare de la marque, pardon le flagship store en bon allemand contemporain, n'est pas un magasin d'usine contrairement aux apparences : implanté dans le quartier en pleine reconversion de Zurich-West, la boutique se présente sous forme d'un empilement de containers à l'allure spartiate et dont le toit sert de belvédère panoramique sur la ville. A l'intérieur, les modèles de sacs sont alignés dans leurs boites selon une mise en scène digne des boutiques les plus chics de la Bahnofstrasse qui se veut être la rue Saint-Honoré zurichoise.

lundi 9 avril 2012

XI Deux belles œuvres de Piano.


Pas d'erreur dans le titre, le P majuscule est celui d'un nom propre, celui de l'architecte Renzo Piano qu'on connaît à Paris pour avoir co-signé le centre Pompidou. Est-ce le système helvétique qui érige le consensus en valeur de la nation, mais les deux musées qu'il a conçus en Suisse, à Bâle comme à Berne, ne sont pas des bâtiments manifestes mais dégagent une grande sérénité grâce à l'association de volumes élégants et de matériaux sobres à la mise en œuvre soignée. En Suisse, l'opulence est de mise mais pas question de se laisser aller à la vulgarité de constructions clinquantes. Le style de l'architecture contemporaine dans le pays est plutôt celle d'une rigueur calviniste qui revisite les canons du modernisme, au risque d'une certaine froideur.
Dans la proche périphérie de Bâle, pas d'impeccables panneaux de béton brut comme support des œuvres d'art : la Fondation Beyeler abrite son imposante collection et présente de superbes expositions temporaires d'envergure internationale au sein d'un écrin de verre et de claustras qui filtrent savamment la lumière. Les baies vitrées s'ouvrent tour à tour sur un jardin et sur les paysages avoisinants, ceux des premières collines de l'Allemagne à portée de vue de cette ville frontalière qui possède un ensemble remarquable de musées. Un véritable dépaysement à 3 km de la France.
Plus spectaculaire et pourtant toujours sobre dans ses effets architecturaux, le centre Paul Klee à Berne vient sublimer le paysage de vergers aux portes de la capitale administrative de la Suisse. Comme une vague géante formée de trois ondulations, le bâtiment encastré dans la pente d'un vallon verdoyant invite aussi bien à la visite intérieure des collections qu'à la promenade extérieure du site pourtant longé d'une autoroute mais suffisamment bien intégrée pour ne pas nuire à l'ensemble. Comme à Bâle, le confort climatique des grands volumes intérieurs est particulièrement étudié grâce à un dispositif de brise-soleil efficace qui évite les surchauffes tout en récupérant les apports solaires. On ne peut en dire autant du tuyau vitré qui serpente le long de la façade du centre Pompidou et où l'on frise l'insolation au soleil couchant !

X Complètement en chantier, cette visite !


Précédemment, vous avez pu découvrir la gare de Zurich par son plafond et ses œuvres d'art suspendues dans le hall historique. Ne pensez pas qu'il s'agit d'une obsession mais je continue à vous proposer une visite de fond en combles de ce pôle de transport. Cette fois-ci au plus profond, dans un niveau qui n'est pas ouvert au public. Et pour cause, il s'agit du plus grand chantier urbain actuel en Suisse que j'ai eu le plaisir et le privilège de visiter au sein de l'équipe du service de la mobilité de la Ville de Zurich.
Munis du casque et du gilet réglementaire, dans un orange vif, nous avons franchi quelques passages réservés aux seuls ouvriers afin de pénétrer dans la future gare souterraine de RER qui va s'étendre sous la gare actuelle en surface. Pour donner une échelle de l'opération, il faut imaginer la création de la ligne E du RER avec sa station Magenta aménagée sous la gare du Nord tout en maintenant l'activité de celle-ci.
La "Durchmesserlinie" est en effet un nouveau maillon du réseau local de RER qui va relier les trois pôles urbains majeurs de l'agglomération, entre Zürich-West et Oerlikon, un peu comme si on faisait une nouvelle ligne entre le Défense et la Plaine Saint-Denis, toutes proportions gardées. La nouvelle infrastructure va quand même coûter la bagatelle de 2 milliards de francs suisses (à peine moins en euros) pour passer en viaduc puis s'engouffrer sous la gare principale et emprunter un nouveau tunnel à l'assaut de la principale colline au nord de la ville. Dans les exploits techniques, il faut relever la création d'un ouvrage étanche sous la rivière de la Sihl qui passe elle-même sous la gare mais aussi le déplacement d'un bâtiment historique au niveau de la gare d'Oerlikon pour dégager la place nécessaire à la création de deux nouvelles voies et d'un quai voyageurs.
Pour effectuer le parcours de découverte, il a fallu près d'une heure à travers de véritables cathédrales de béton sur plusieurs niveaux. En effet, pour valoriser ces nouveaux espaces en plein centre-ville, la compagnie des chemins de fer suisses a prévu de doubler les surfaces commerciales existantes et d'accompagner ce projet de transport par une opération d'urbanisme : à deux pas du nouvel accès à la gare, un ensemble immobilier va tirer parti de la nouvelle attractivité du site au sein de l'opération appelée Europallee. De l'argent bien investi où les emprises ferroviaires sont autant de belles réserves foncières.